Joseph Haydn
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Joseph Haydn

(1732-1809)
 
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 Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois

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Piero1809
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MessageSujet: Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois   Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois Icon_minitimeLun 10 Nov - 0:18

Le manuscrit autographe de la Sonate n° 59 en mi bémol majeur (HobXVI.49) est daté du 1er juin 1790 (1). Dans une lettre du 20 juin 1790, Joseph Haydn adresse un certain nombre de recommandations à Marie Anne von Genzinger, épouse d'un notable viennois, sur la façon de jouer cette sonate (2).

Alors que dans nombre de sonates précédentes Haydn avait employé parcimonieusement la structure sonate (3), lui préférant d'autres formes telles que le Rondo, le thème varié, le Tempo di Menuetto ou bien d'originales combinaisons de ces formes, le premier mouvement de la sonate n° 59, Allegro, est une structure sonate pleinement épanouie, comportant pas moins de trois thèmes clairement identifiés (ce qui contraste avec le monothématisme souvent en usage dans nombre d'autres structures sonates du Maître). Le premier thème est énoncé piano et possède un caractère interrogatif , en quête d'une réponse qui tarde à venir car la dominante atteinte, c'est ce premier thème qui reparait mais cete fois la réplique lui est immédiatement donnée par un second thème très étendu et très lyrique, soutenu par une basse d'Alberti (4). A la fin de l'exposition, un troisième thème apparait, composé de trois croches suivies par une blanche pointée, on a évoqué à son propos le thème du Destin Beethovénien (1). Je préfère le comparer au motif obsessionnel de trois croches suivies d'une noire qui constitue le moteur du puissant premier mouvement du concerto pour piano n° 25 KV 503 de Mozart composé en 1786..
Le magnifique et grandiose développement débute avec la formule conclusive qui terminait l'exposition. Ce passage est traité en contrepoint à trois voix et on se délecte des entrelacs souples et sensuels du motif circulant à travers les trois voix. Après un retour furtif du thème principal, c'est le second thème qui donnera lieu à des extensions aux harmonies audacieuses au dessus des basses d'Alberti modulant hardiment. Enfin le troisième thème du "Destin" est devenu encore plus mystérieux car il se cantonne principalement dan l'extrême grave du pianoforte et évolues dans des nuances piano voire pianissimmo. La réexposition est semblable à l'exposition et débouche sur une longue coda. Cette dernière est basée principalement sur la formule conclusive qui terminait l'exposiition. Une puissante gamme ascendante met un terme à ce magnifique mouvement.

L' Adagio est très développé et contraste avec les brefs mouvements lents de nombre de sonates précédentes. Ce morceau est admirable par sa profondeur et son émotion contenue. Le thème de l'Adagio est pratiquement identique à celui qui ouvre l'Adagio de la sonate en ré majeur KV 576 de Mozart composée en 1789. A ma grande surprise cette analogie, voire identité, ne semble pas avoir été relevée dans la littérature.
Le thème est exposé d'abord quatre fois, chaque fois harmonisé ou varié différemment, une réponse en si bémol mineur nous fait monter d'un cran dans l'émotion et est suivie par deux nouveaux exposés du thème. Cette séquence réponse-thèmes est répétée encore une fois. Un vaste intermède en si bémol mineur forme le coeur de l'Adagio, il possède son pendant avec l'intermède central en fa# mineur de la sonate KV 576. Mais ici le mouvement est bien plus ample et le geste bien plus dramatique que dans la sonate de Mozart. L'accompagnement en tumultueux sextolets à la main gauche et les nombreux croisements de mains ont une saveur préromantique (postclassique?) indiscutable.

Le finale est un tempo di menuetto. Le thème très mélodieux peut être considéré comme un refrain de Rondo, l'intermède qui suit est en fait un couplet de Rondo, le retour du refrain abrégé débouche sur un vaste couplet central en mi bémol mineur débutant avec le thème du refrain mais s'en écartant ensuite. Après un dernier retour du refrain, une courte coda met un point final à ce chef-d'oeuvre du classicisme viennois à son apogée.

(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2) Marie Anne von Genzinger et Thérèse von Trattner inspirèrent à Joseph Haydn et Mozart respectivement leurs plus belles compositions pour pianoforte: sonate n° 59 pour le premier et Fantaisie KV 475 pour le second.
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Structure_sonate
(4) http://www.musicologie.org/sites/b.html


Dernière édition par Piero1809 le Ven 18 Juin - 9:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois   Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois Icon_minitimeLun 7 Juin - 11:55

Autant Glenn Gould me met mal à l'aise quand il joue les sonates de Wolfgang Mozart, autant je l'apprécie dans Joseph Haydn.

Son interprétation de la partie centrale de la sonate n° 59 en mi bémol majeur est impressionnante.

https://www.youtube.com/watch?v=xAhjcKd_oyc

Autre interprétation de la même sonate très différente du maître canadien:

https://www.youtube.com/watch?v=WDvmQpq0dzo
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MessageSujet: Re: Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois   Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois Icon_minitimeJeu 10 Juin - 2:26

Oui, la première version donnée ici, insistant sur l'accompagnement, me paraît plus originale et plus convaincante que le même passage dans la seconde version.
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MessageSujet: Re: Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois   Sonate n° 59 en mi bémol majeur Classicisme viennois Icon_minitime

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