Très différente de la 36ème sonate en ut majeur, oeuvre sereine et sans histoires, la 37 ème sonate en mi majeur (HobXVI.22), composée par Joseph Haydn en 1773 et seconde d'une remarquable série de six, présente des contrastes plus marqués. J'ai eu plus de mal à rentrer dans cette sonate que dans les cinq autres de la série mais je ne suis pas loin de penser maintenant que c'est une des plus remarquables.
Le premier mouvement, Allegro moderato, est centré sur la beauté mélodique. Le premier thème, long et contourné, commence par un brillant accord de mi majeur et imposera sa personalité à l'ensemble du mouvement. Un second thème intervient peu avant la fin de l'exposition; issu du premier thème, il renforce l'unité de ce morceau. Après un développement assez court, basé sur le thème principal, on remarque lors de la réexposition un passage en arpèges descendants donnant lieu à de spectaculaires modulations chromatiques.
L'Andante en mi mineur est un morceau très attachant qui évolue dans un climat méditatif et rêveur. D'une très grande beauté mélodique, il dégage une mélancolie comparable à celui de l'Adagio en fa mineur de la sonate n°38.
Le finale est un Tempo di minuetto. Comme son titre et son rythme ternaire l'indiquent, on peut y voir, à première écoute, un menuet avec deux trios. Une écoute plus attentive révèle une organisation beaucoup plus subtile de structure de type rondo: A1B1A2B2A3. Les épisodes Ai de structure ααiββi comportent une partie invariable αβ et une partie sujette à des variations ingénieuses αiβi. Les couplets B1 et B2 en mi mineur, contrastent avec les refrains Ai par leur étonnante violence très "Sturm und Drang". Le thème des couplets est issu de celui du refrain, il est joué à la main droite dans B1 et à la main gauche dans B2. L'instant est bref mais percutant. L'ensemble est donc une étonnante synthèse de menuet, de rondo et de thème varié. Ce finale est un chef-d'oeuvre de concision et d'unité.