Le trio n° 39 en sol majeur (HobXV.25) pour piano, violon et violoncelle de Joseph Haydn a acquis une célébrité au moins égale à celle de la sonate en la majeur KV 331 "Alla turca" de Mozart et pour les mêmes raisons. Comme ce fut le cas du rondo "turc" de la sonate, c'est un rondo tzigane qui a fait la renommée de l'oeuvre. Composé en 1794-5, ce trio est dédié à la pianiste Rebecca Schröter. Rappelons ici que dans tous les trios de Haydn, la partie de violoncelle se contente de doubler la basse du piano. Ce rôle effacé du violoncelle est étonnant quand on pense à la virtuosité et l'indépendance de la partie de cet instrument dans les quatuors à cordes contemporains.Toutefois le résultat esthétique et sonore du choix de Haydn est indiscutablement convaincant.
Le premier mouvement Andante est un double thème varié sur une mélodie ravissante. Haydn fait alterner les variations mineures et majeures sans trop s'écarter du thème sauf dans la deuxième variation mineure.
Le Poco Adagio en mi majeur est de forme lied. L'intermède central est bâti sur une sublime mélodie très romantique. Ayant encore dans l'oreille l'interprétation sur microsillon d'Alfred Cortot, Jacques Thibaut, Pablo Casals, je me souviens que Casals prend la relève de Thibaud lors du double exposé du thème, puis Thibaud et Casals à la fin de l'intermède reprennent le thème à l'unisson. Il y a là une légère entorse à la partition certes mais d'une adéquation parfaite à l'intense sentiment développé dans ce merveilleux intermède.
Du Rondo alla Zingarese final tout a été dit dans l'ouvrage de Marc Vignal (1). Selon cet auteur, ce morceau de Haydn représente, avec le finale du quatuor pour piano et trio à cordes en sol mineur de Brahms opus 25, l'exemple le plus réussi d'adaptation du folklore tzigane à un morceau classique. L'interprétation du trio van Swieten est très vivante et donne à ce morceau d'exception une dimension supplémentaire.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp1257.