Composée par Joseph Haydn avant 1769, la symphonie n° 38 en ut majeur (Echo) suit probablement de peu la symphonie n° 35 en si bémol. C'est une oeuvre essentiellement festive, plus brillante que la symphonie n° 35. Elle présente deux particularités qui la rendent unique: l'utilisaton du procédé de l'écho et de magnifiques soli du hautbois dans le finale.
Le premier mouvement Allegro di molto est très brillant en partie du fait des trompettes et timbales très actives. C'est une structure sonate à trois thèmes, le premier très joyeux évoque irrésistiblement l'opéra bouffe tandis que le troisième bien plus calme est joué d'abord par les cordes seules puis doublées par le hautbois. Le développement assez court mais incisif reprend d'abord le premier thème puis un motif secondaire de l'exposition en les agrémentant par de belles modulations mineures qui n'arrivent pas à assombrir l'atmosphère. Lors de la rentrée une appogiature donne au thème une allure encore plus comique.
L'Andante di molto pour cordes seules utilise le procédé ultragalant de l'écho qui consiste à répéter un thème ou un motif avec une sonorité voilée ou lointaine (1). Ici la répétition peut se faire près de quatre fois donnant au procédé une teinte quelque peu parodique et humoristique. La partie centrale est toutefois très émouvante, le thème passe aux basses et les parties supérieures modulent de manière très intense. Haydn reste toujours profond même quand il s'amuse.
Le menuet est une danse allemande très entrainante. Le rôle du hautbois dans le trio laisse pressentir le rôle qu'aura cet instrument dans le Finale.
Le Finale, Allegro di molto, est indiscutablement le point culminant de l'oeuvre, il fait alterner d'éblouissants soli du hautbois d'un très grande difficulté avec des intermèdes contrapuntiques réservés à l'orchestre entier. Ces derniers évoquent, à mes oreilles, des passages de la symphonie n° 95 en ut mineur (1791). Le développement, très court, fait la part belle au virevoltant hautbois qui dispose même d'une cadence. Les trompettes et timbales donnent à ce mouvement une sonorité particulièrement éclatante. Ce finale est une création nouvelle, ce n'est pas un concerto mais plutôt une pièce symphonique intégrant un instrument soliste, procédé, à ma connaissance, sans lendemain dans l'oeuvre de Haydn. La réussite ici est totale et le hautbois donne à l'ensemble une légèreté et une élégance exceptionnelles.
(1) Dans l'interprétation d'Adam Fischer, les échos sont faits par un petit groupe de violons jouant "flautendo" c'est à dire à la manière d'une flûte.