La
symphonie n° 39 en sol mineur date probablement de l'année 1767. Deuxième symphonie écrite dans un ton mineur après la symphonie en ré mineur n° 34 de l'année précédente, c'est la première symphonie typiquement "
Sturm und Drang" de
Joseph Haydn. Les caractéristiques des oeuvres correspondant à ce mouvement artistiques ont été développés ailleurs (1-3) et peuvent être résumés comme suit:
fréquence du mode mineur, coupe en quatre mouvements, poids du finale équivalent à celui deu premier mouvement, grands gestes dramatiques, grands intervalles, rythmes féroces, instrumentation réduite au strict minimum: deux hautbois, deux cors et le quintette à cordes, etc...La symphonie n° 39 en sol mineur possède toutes ces caractéristiques au plus haut degré. Elle est écrite pour le quintette à cordes, deux hautbois, deux cors alto en si bémol et deux cors en sol. On dit souvent qu'elle aurait inspiré la symphonie n° 25 en sol mineur KV 183 de
Wolfgang Mozart de 1773 et une symphonie en sol mineur de
Johann Christoph Vanhall de 1771 (3) qui ont la même instrumentation avec deux hautbois et quatre cors.
Le premier mouvement,
Allegro assai, 4/4 est construit sur un seul thème. Ce dernier presqu'entièrement en croches possède une énergie interne impressionnante. Bien plus que la symphonie n° 25 en sol mineur , ce thème m'évoque le début du
quintette en sol mineur KV 516 de
Wolfgang Mozart: mêmes débuts de thème en croches, semblables batteries de croches dans l'accompagnement. Il semble cependant douteux qu'en 1787, Mozart ait eu dans l'oreille une symphonie composée vingt années auparavant. Les deux parties du thème sont séparés par quatre temps de silence ce qui augmente encore le côté dramatique de ce début. A la place d'un second thème c'est une variante du premier thème qui revient en si bémol majeur: le début d'abord identique au thème initial est suivi d'une énergique gamme descendante de doubles croches, un troisième énoncé du thème en si bémol majeur est suivi d'un canon très serré entre les violons, les altos et les basses. Les termes exposition, dévelopement et réexposition ne signifient pas grand chose dans un mouvement où l'élaboration thématique est permanente et le développement perpétuel. La réexposition est génialement refondue et amène la tension à son comble.
Ce mouvement est à la fois un des plus rigoureusement construit et un des plus intenses de tout Haydn.
L'andante en mi bémol 3/8 est écrit pour les cordes seules comme dans maintes symphonies pré-Esterhazy. Cet andante est très léger et contraste vivement avec les mouvements environnants. C'est toutefois un morceau très agréable qui apporte une bienfaisante détente après la tension du premier mouvement.
Menuetto. Premier menuet dans le mode mineur dans une symphonie de Haydn, on y retrouve le climat dramatique du premier mouvement mais ici le ton est plus stable et posé.
Les finales au rythme 3/8 qui terminaient joyeusement les symphonies pré-Eisenstadt sont du domaine du passé. Le finale
Allegro di molto 4/4 qui termine la symphonie n° 39 a
un poids et une signification musicale égale à celle du premier mouvement. Le caractère
Sturm und Drang est particulièrement accusé dans ce finale qui débute par un puissant accord des quatre cors suivi par un arpège descendant de sol mineur et de grands intervalles des violons. On note également les vigoureux accords sabrés par tout l'orchestre dans le développement et lors de la réexposition (4). Tout ce finale a un côté quasi frénétique et se termine comme il avait commencé par un violent accord de sol mineur.
La plupart des oeuvres commencées dans le mode mineur entre 1767 et 1773 se terminent en mineur. Par la suite, beaucoup d'oeuvres commencées en mineur se termineront dans le mode majeur à quelques exceptions près hautement significatives:
Orfeo ed Euridice (1791), sonate en si mineur HobXVI.32 (1776) et variations en fa mineur HobXVII.6 (1793)...
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://www.nicholasdeyoe.com/pdfs/Haydn-paper.pdf(3) H.C. Robbins Landon. Quelques précurseurs inconnus de la symphonie en sol mineur KV 183 de Mozart, Influences étrangères dans l'oeuvre de Mozart, Colloque International du CNRS, Paris 10-13 octobre 1956.
(4)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/6/66/IMSLP31486-PMLP71684-Haydn-_Sinfonia_Nr39__HCR_Landon_.pdf