La
symphonie n° 34 en ré mineur fut probablement composée en 1766. C'est la première symphonie écrite par
Joseph Haydn dans le mode mineur. Si la tonalité de ré se maintient dans les quatre mouvements, par contre le mode mineur ne se maintient que dans le premier mouvement, les trois suivants étant en ré majeur. En tous cas, cette oeuvre inaugure ce que l'on pourrait appeler
la deuxième manière de Joseph Haydn, période particulièrement créatrice dans la vie du compositeur s'étendant entre 1766 et 1773, dans laquelle les genres de la symphonie et du quatuor à cordes vont connaître un développement quantitatif et qualitatif extraordinaire. Chose exceptionnelle chez Haydn, pas moins de sept symphonies vont être écrites dans le mode mineur (dans l'ordre chronologique n° 34 en ré mineur, n° 39 en sol mineur, n° 49 en fa mineur Passion, n° 44 en mi mineur Funèbre, n° 26 en ré mineur Lamentations, n° 52 en ut mineur, et n° 45 en fa# mineur Adieux). Pour cette raison et pour bien d'autres (1), cette période va recevoir le nom de "
Sturm und Drang" (2,3) (orage et tension).
La symphonie n° 34 est une "
symphonie d'église" (4) qui s'ouvre comme il se doit par un grand mouvement lent
Adagio ¾ en ré mineur. Ce dernier produit une sensation d'accablement du fait de son début en valeurs longues au tempo très lent. Les syncopes du thème initial lui donnent aussi une très grande tension. Un second thème en fa majeur est particulièrement expressif du fait des alternances
forte et
piano, la suite
pianissimo conduit aux barres de reprises. Pendant toute cette première partie on remarque l'abondance des nuances. La seconde partie débute par un développement très dramatique sur la première idée; lors de la réexposition la transposition du discours musical en mineur change profondément l'expression et le second thème, renforcé par les cors, est devenu poignant. Fin
pianissimo murmurée par les cordes.
Le second mouvement
allegro 4/4 en ré majeur est d'abord tout à fait typique d'une symphonie d'église avec son allure emportée, ses grands intervalles mais chose curieuse dès la septième mesure, apparaît un rythme qui évoque fortement l'opéra bouffe. L'élan du début est maintenu jusqu'au barres de reprises avec toutefois l'irruption d'un curieux intervalle de septième descendante aux violons (5). Le développement combine ingénieusement plusieurs des motifs de l'exposition.
Dans le menuetto et surtout le trio, tpus deux très détendus, il semble que Haydn ait pratiquement oublié la destination initiale de la symphonie. Le trio est un beau chant du hautbois accompagné par un dessin syncopé des cors très savoureux.
Les triolets qui parcourent tout le finale
Presto 2/4 lui donnent un rythme endiablé qui m'évoque fortement une danse écossaise. Est-il possible que déjà Haydn se soit intéressé au folklore de ce pays? L'intermède mineur particulièrement étendu donne une touche de mélancolie et d'élégance et contraste avec le caractère populaire de la danse "écossaise qui reprend le dessus et termine l'oeuvre dans un climat joyeux bien différent de celui du début de la symphonie.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
https://haydn.aforumfree.com/generalites-f14/sturm-und-drang-orage-et-passions-t425.htm(3)
https://haydn.aforumfree.com/les-symphonies-f1/symphonie-n-39-en-sol-mineur-sturm-und-drang-t353.htm(4)
https://haydn.aforumfree.com/les-symphonies-f1/symphonies-n-5-et-n-11-deux-symphonies-d-eglise-t335.htm(5) Adam Fischer fait faire aux violons un glissando appuyé un peu vulgaire, mais c'est une option qui se défend!