La
symphonie n° 49 en fa mineur La Passion, composée par
Joseph Haydn en 1768, possède toutes les caractéristiques de la
symphonie d'église définies par Marc Vignal (1) et que nous résumons encore ici:
-quatre mouvements dans la même tonalité;
-le premier mouvement est un
adagio solennel, le second, généralement, un
allegro d'une grande énergie;
-sans être strictement religieux, le contenu est plus grave que dans une symphonie ordinaire;
-ajoutons ici que la
tonalité chère à Haydn de fa mineur, donne à cette symphonie une couleur particulièrement
sombre.
Dernière symphonie d'église composée par Haydn après les n° 5 en la majeur, n° 11 en mi bémol majeur, n° 15 en ut majeur, n° 18 en sol majeur, n° 21 en la majeur, n° 22 en mi bémol majeur Le Philosophe, la n° 49 en fa mineur La Passion est indiscutablement la plus typique, la plus développée et la plus puissante de toutes, elle compte parmi les grands chefs-d'oeuvre symphoniques de Haydn. L'instrumentation avec le quintette à cordes, deux hautbois et deux cors est particulièrement réduite comme c'est le cas de toutes les symphonies de la période que nous étudions. Le nom
La Passion ne provient pas de Haydn, il fut donné en 1790 à l'occasion d'une exécution de l'oeuvre pendant la Semaine Sainte à Schwerin. D'autres sources semblent indiquer que cette symphonie aurait pu être une musique de scène et donc n'aurait pas une vocation religieuse (2).
L'
adagio ¾ qui ouvre l'oeuvre est un des mouvements les plus tragiques de tout Haydn. C'est même un
climat d'accablement qui règne ici. Le thème très lent est accompagné par un fa tenu par les cors qui donne une couleur sonore particulièrement sombre. La musique module en la bémol majeur à la fin de l'exposition. Après les barres de reprises le thème initial reparait en la bémol majeur puis après une courte transition c'est la rentrée du thème en fa mineur avec des tenues des cors encore plus expressives. Lors de la réexposition, le discours musical est transposé en fa mineur et aboutit à une conclusion sans espoir.
Le deuxième mouvement,
allegro di molto 4/4, offre un vif contraste avec l'
adagio, il apparaît comme un exutoire à la tension accumulée pendant l'
adagio. Le thème initial d'une grande violence est remarquable par ses
intervalles descendants (des onzièmes) aux violons. Un second thème piano en la bémol n'apporte aucune détente et participe au climat presque désespéré de ce mouvement. Le développement très long s'ouvre avec le premier thème et ses intervalles furieux puis le second thème donne lieu à des canons très serrés "alla Bartok". La réexposition est encore plus déchainée que l'exposition avec des intervalles encore plus vertigineux et le climat devient frénétique. Tout ce mouvement est archétypique du style "
Sturm und Drang".
Le ton pathétique de fa mineur persiste dans le
menuetto ¾ mais le mouvement est plus retenu et plus calme que dans l'allegro di molto précédent. Seul instant à peu près serein de la symphonie le trio fait dialoguer les hautbois et les cors de façon très séduisante.
Le climat frénétique se retrouve dans le
Presto final
alla breve 2/2. C'est une véritable tempête qui balaye tout sur son passage. Il n'y a pas la place pour un développement important dans un mouvement aussi déchainé. Nous y retrouvons les
larges intervalles cette fois ascendants et les grands gestes dramatiques qui nous avaient frappés dans l'
allegro di molto. L'oeuvre s'achève par deux accords de fa mineur vigoureusement sabrés par tout l'orchestre.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp.986-7.
(2)
http://en.wikipedia.org/wiki/Symphony_No._49_(Haydn)