Durant toute sa vie de compositeur, de la symphonie n° 37 (avant 1758) au Te Deum HobXXIIIc.2 (1800),
Joseph Haydn composa des oeuvres en ut majeur avec trompettes et timbales destinées à célébrer une fête ou des circonstances exceptionnelles.
On admet souvent que les symphonies n° 20 et n° 37, toutes deux symphonies de fête avec trompettes et timbales en ut majeur, auraient été composées entre 1758 et 1761 donc avant l'entrée de Haydn au service des Esterhazy. La symphonie n° 37 est la seule avec la n° 1 en ré majeur à être datée avec certitude. Il en existe en effet une copie certifiée datant de 1758 et ainsi
la n° 37 et la n° 1 peuvent se disputer le titre envié de première symphonie de
Joseph Haydn. La symphonie n° 20 par contre pourrait être une des dernières composées avant l'entrée de Haydn au service des Esterhazy (1,2).
Il semble que la version originale de la
symphonie en ut majeur n° 37 ne comportait ni trompettes ni timbales et que ces instruments auraient été ajoutés après coup (1,2). Le premier mouvement
Presto 2/4 est un exemple remarquable de la manière dont Haydn concevait un morceau de sonate au début de sa carrière. Le thème principal: un accord suivi d'un court motif composé de deux doubles croches quatre croches et une noire est omni présent tout au long du mouvement mis à part le passage correspondant au second thème. Ce dernier à la dominante mineure (sol mineur), trait archaïque, a des accents d'Europe Centrale et ressemble au second thème du finale du quatuor opus 74 n°2 datant de 1793. Avec son architecture particulièrement rigoureuse, ce mouvement frappe également par son caractère festif et l'éclat de ses trompettes.
Le
menuetto est en seconde position, l'alternance de triolets et de rythmes pointés est typique des menuets de cette époque. Le trio en ut mineur pour les cordes seules serait parfaitement à sa place dans un quatuor à cordes. C'est une conversation mélancolique entre les quatres pupitres qui échangent un motif caractéristique de deux mesures.
Le mouvement lent
Andante 2/4 en ut mineur montre par son caractère pathétique un vif contraste avec le
Presto initial, il s'agit d'une marche lente des deux violons à l'unisson accompagnés par l'alto et le violoncelle à l'unisson également. Les imitations entre les deux violons par degrés croissants qui suivent ont une saveur baroque prononcée. Le niveau sonore se maintient dans les nuances piano mais de temps en temps un farouche unisson forte de toutes les cordes crée un vif contraste. Le développement utilise une phrase du premier violon qui terminait l'exposition et cette dernière est modulée de façon très expressive. La profusion de nuances au cours de ce mouvement est frappante.
Un
Presto final 3/8 en deux parties encadrées de barres de reprises termine l'oeuvre dans une ambiance joyeuse.
La
symphonie n° 20 en ut majeur pourrait avoir été une des dernières composées avant l'entrée de Haydn au service des Esterhazy. Son andante galant et son finale de structure rondo contrastent stylistiquement avec les mouvements correspondants des autres symphonies pré-Eisenstadt.
Le premier mouvement
Presto est une structure sonate à deux thèmes. Le premier triomphal est scandé par les trompettes, les cors altos et les timbales, le second très doux est simplement joué par les cordes. On notera aussi à la mesure 24 une gamme descendante d'un octave jouée spiccatto suivie d'une gamme ascendante. Le développement (50 mesures), très ingénieux, est construit sur le premier thème et sur la gamme descendante en notes piquées signalée plus haut.
L'indication de tempo
andante cantabile (sol majeur 2/2) est parfaitement appropriée à ce mouvement, une
merveilleuse sérénade d'un grand charme mélodique confiée exclusivement au premier violon tandis que le second accompagne avec des accords brisés et le violoncelle et l'alto avec des pizzicatos. Ce mouvement est vraiment séduisant par sa tranquille beauté. On trouvera d'autres mouvements de ce type dans les symphonies ultérieures et certains quatuors des opus 9, 17 et 20.
Le
menuetto est caractéristique par les triolets de son thème et sa sonorité éclatante. Le trio pour les cordes seules reprend le thème du menuetto piano mais avec un sentiment radicalement changé et un charme sensuel qui rappelle l'andante.
Dans le finale
Presto 3/8, le caractère brillant et martial a disparu. Le thème au rythme dansant peut être considéré comme le refrain d'un rondo, la suite a valeur de premier couplet. Un retour du refrain précède un vaste couplet en sol mineur de près de 70 mesures. Les trompettes, timbales et même les cors se taisent et le sentiment général est plutôt inquiet et même dramatique dans certains passages. Le retour du refrain rétablit la gaité et c'est dans une atmosphère insouciante que se termine la symphonie.
(1) Mark Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2) Antony Hodgson, The Music of Joseph Haydn: The Symphonies. London: The Tantivy Press (1976): 57.
(3)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/9/9c/IMSLP31484-PMLP71680-Haydn-_Sinfonia_Nr37__HCR_Landon_.pdf(4)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/b/bc/IMSLP31394-PMLP71505-Haydn-_Sinfonia_Nr20__HCR_Landon_.pdf