Un petit historique du Sturm und Drang
Un avant-goût (si j'ose dire) du Sturm und Drang a été ce qu'on a appelé l' Empfindsamkeit (qu'on peut traduire par Sensibilité) dont le représentant, en musique, a été Carl Phlip Emmanuel Bach dans ses Fantaisies pour clavier et dans ses derniers Quatuors avec flûte Wq 93 à 95. Il s'agissait de mettre plus de sentiment dans la musique et non plus en rester dans un cadre préétabli.
L'Empfindsamkeit était un mouvement musical, alors que le Sturm und Drang (Orage et Passion) trouve son origine dans un mouvement littéraire initié par Goethe avec Werter (1773) et une pièce de théâtre de Maximilian von Klinger écrite en 1776, qui donne son nom au mouvement, et qui lui même se référait à...Jean Jacques Rousseau ! Son but était d'émouvoir, de donner le frisson, voire d'étonner. C'est pourquoi l'Allemagne de l'époque a cherché à "annexer" certaines pièces de Shakespeare (Hamlet, Romeo et Juliette, Macbeth entre autres).
A peu près parallèlement, la scène finale de Don Giovanni de Mozart, précédée par celles de Gluck et de Gazzaniga qui touchent au fantastique - celui qui "fait peur" - font entrer ces orages et passions dans la musique.
Si on les retrouve dans la musique théâtrale (les ballets créés à Mannheim, ou bien Hamlet de Vogler, 1778), on les trouve aussi dans la musique instrumentale, notamment par le biais des symphonies et des quatuors à cordes, voire les sonates pour piano.
On considère que le Sturm und Drang musical débute vers 1770 avec un nombre important d'oeuvres en mode mineur que l'on retrouve chez Johann Christian Bach, l'école de Mannheim, Mozart, Dittersdort, Vanhal, Myslivecek, le plus représentatif dans le nombre de compositions étant Joseph Haydn.
Il est néanmoins probable que le lien entre la littérature et la musique, que l'on se plaisait à évoquer autrefois soit en fait assez ténu, car Haydn avait déjà composé des symphonies en mineur dès 1766, peut-être d'abord sous l'influence du Don Juan de Gluck (1761) et que ce n'est que plus tard que l'on a incorporé ces symphonies dans le Sturm und Drang dont elles possèdent déjà l'originalité : sombres et dramatiques.